D'un air absent il regarde les cendres de sa cigarette tomber au sol tandis que la ville défile devant lui. Passantes et passants pressés de rentrer après une dure journée de travail, voitures colorées qui se succèdent dans un décor hivernal, Lauritz patiente devant le poste de police de Fountain Hill. La nuit est tombée depuis quelques heures et il attend sa collègue de travail pour une virée au marché de Noël. Rendez-vous qui n'a rien de galant, plus amicale que romantique d'ailleurs, Lauritz ne lui a pas laissé le choix quand elle est venue se réfugier dans son officine ce matin. Ils n'ont pas eu le temps de beaucoup parler, juste assez pour convenir de cette sortie nocturne après le travail. Se changer les idées et découvrir les surprises de Foutain Hill, c'est l'invitation que Lauritz avait faite à Alexis et qu'elle n'a pas eu le choix d'accepter. C'est ainsi qu'il l'attend de pied ferme depuis la fin de son service, depuis dix minutes, léger doute sur la réponse quand il se demande si elle viendra réellement.
Il ne fait pas si froid dehors, Lauritz trouve même qu'il fait plutôt doux pour un soir de décembre. Lui qui a tout le temps chaud, il aurait pu venir en t-shirt sans voir le problème ! Quand la cigarette est finie il jette son mégot par terre, vieux réflexe qu'ont les fumeurs, sans même s'en rendre compte. Si Astrid était là, elle l'aurait surement grondé. Si Astrid était là, le monde de Lauritz continuerait de tourner. L'allure est plus lente, moins joyeuse et régulière qu'à une époque, comme un diamant défectueux sur un vinyle. La musique sonne fausse mais il ne montre rien, Lauritz, toujours caché derrière son visage imperturbable. Résilient, celui qui porte tout sur ses épaules et qui encaisse sans broncher ses peines et celles des autres. C'est pourtant avec Alexis qu'il a appris à exprimer ses émotions, à mettre des mots sur l'impact qu'avait cet évènement dans sa vie . Un long travail qu'il continue d'entreprendre encore aujourd'hui, même s'il continue d'en avoir honte. De toute manière, ces séances sont obligatoires s'il veut garder son job. Foutue virilité inculquée durant son enfance, foutus stigmates qui ont marqué son âme à jamais. Finalement Alexis ne tarde pas à pointer le bout de son nez pour le rejoindre, il lui fait alors un signe de la main quand elle approche et un sourire se niche sur ses lèvres.
« La journée n'a pas été trop longue ? J'espère que tu as faim, apparemment les stands de nourriture valent le détour. » Il lui fait un clin d'oeil.
Des collègues devenus amis, l'ancien médecin devenu patient puis l'oreille attentive de sa psychologue. Des rôles qui se sont inversés jusqu'à trouver un équilibre, leur équilibre.
« Ma voiture n'est pas loin, si le ciel nous tombe sur la tête. » Il hausse légèrement les épaules.
Il fourre ses mains dans les poches de son manteau, attend qu'Alexis initie le mouvement pour y aller, sans savoir si elle a besoin de faire une halte ailleurs avant.
Alexis Pearce
« habitant.e de fountain hill »
Messages : 66 Date d'inscription : 15/11/2022 Karma.s : 50
Sujet: Re: Starry Night + Alexis Pearce Jeu 8 Déc - 13:50
Un mois. Un mois que tu te noyais dans le travail plus que d'habitude. Que tu repassais au cribble toutes tes informations concernant les disparus. Un mois que tu avais bien plus de patients ; les disparus au sein de la police nécessitait un lourd suivi, et de nombreux collègues avaient besoin de venir se confier en ayant retrouvé des disparus. Des heures à rallonge, des journées qui ne finissaient qu'après la nuit tombée. Et sans Lauritz, tu aurais probablement passé une nuit de plus a arpenter ton bureau ou ton appartement pour reprendre ton enquête sur les disparus. Tout pour ne pas penser à ta situation personnelle en fait. T'étais allée boire ton café dans son officine, pour éviter de croiser Adriel ou Maxine. Et voilà que ton camarade t'avait piégé et forcée d'acceptée cette sortie.
Tu savais que ça te ferait du bien, de sortir de tout ça un peu, et ça ferait probablement du bien au légiste également. Vous étiez les deux marginaux du commissariat ; les deux toubibs, ceux qui ne sont pas policiers de formation, ceux qui n'ont presque rien à faire là, dont la place étaient dans un hôpital plutôt qu'auprès des forces de l'ordre. Tu chasse tes pensées en refermant un dossier, levant le nez vers l'horloge sur ton bureau. Lauritz devait t'attendre. Tu attrape ton manteau civil, ton écharpe et tes clés pour fermer ton bureau. L'hiver avait pris place en ville, le cadre hivernal s'était posé sur la petite ville et rouler en moto devenait chaque jour un peu plus dangereux, mais tu n'en démordais pas, même si tu gardais des affaires à ton bureau pour ce genre d'occasion.
Dehors, le froid te happe, si bien que tu refermes sur toi le vêtement pour te protéger du froid en rejoignant ton ami. Tes talons claquent sur le sol avant de t'arrêter à hauteur de Lauritz, avisant la cigarette sans faire le moindre commentaire ; tu étais la plus mal placée pour parler de vices.
- Salut, j'espère que tu m'attends pas depuis trop longtemps.
C'est que tu débordais souvent à outrance sur ton temps de travail. Tu secoues doucement la tête à sa question et un sourire vient doucement éclairer tes lippes à la mention des stands de nourriture. C'est que ces derniers temps, tu sautais facilement les repas et tu finissais plus facilement au bar, ce qui ne faisait pas bon ménage. A la mention de sa voiture, tu fronces le nez.
- Autant marcher, si ça te dérange pas, c'est pas loin.
Traumatisme enfoui, l'idée même de monter en voiture te ramenait de trop longues années en arrière, et l'accident de 2016 n'avait en rien aidé ; la voiture, même si vous n'étiez pas dedans, était responsable. La route t'avait pris bien trop de gens dans ta vie. Tu amorce le mouvement vers le marché de Noël, les mains dans les poches de ton manteau. Voir les lumières au loin te force à te décharger de toutes les pensées parasites qui encombrent ton esprit ces derniers jours.
- Merci pour la sortie, j'avais presque oublié qu'il y avait ce truc en ville... Ta journée, ça a été ?
C'est qu'habituellement, tu squattais son espace plus que nécessaire, mais ces derniers temps, ton bureau était plus comparable à une tanière dont tu ne sortais pas tant que ça.
Starry Night + Alexis Pearce
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