[FB_solo] 20.07.2017

L'amer gout de la liberté.
C'était ça, le gout de cette clope ci.
Juste le gout de la putain de défaite, de la douleur en plein coeur, de la liberté si mal acquise. Des mois de rééducations, de cicatrisations, des mois de douleur, aussi bien physique que morale. L'odeur de l'hopital incrusté sous chaque port de ton épiderme.

T'avais survécu.
Mais à quel prix ?

Et t'étais là, perchée sur cette barrière au bord de la route. Ca avait aucun putain de sens. T'avais plus personne. Jesse, Jonathan. Ils étaient partis. T'étais toute seule.

Pour toujours et à jamais.

Tu ne devrais compter que sur toi. T'arrivais même pas à chialer de ça. L'hopital t'avait ruiné le cerveau, les séances de psy et les anti dépresseurs t'avaient apparemment épuisé les glandes lacrymales. Il restait rien d'autre que le baton de cancer entre tes doigts fins.

A quoi ça servait tout ça ?

Pourquoi se battre, lutter éternellement pour avoir une famille si c'est pour à la fin de la course être seule ? Tu soupires, expulses la fumée de ta cage thoracique qui fonctionne encore. Tu la maudirais presque de fonctionner. C'était pas à Joy de partir. Tu sais que ton psy s'arracherait les cheveux de te voir penser à ça, de ruiner des mois de thérapies. Mais tu avais retrouvé tant de vieux démons, tu avais cédé à la pulsion malsaine de la pensée noire mais pas suicidaire. Seulement sombre, à t'envelopper d'une aura effrayante.

Mais tu l'entends d'ici, Joy. Alors tu écrases la clope contre la barrière, tu sautes de là. Tu respires. Tu es en vie. Alors tu vas devoir vivre pour deux. Pour trois. Pour tout ceux qui n'étaient plus là.

Relève la tête princesse. La vie vaut largement la peine d'être vécue.