chien égaré. (noah)

Ce n'était encore jamais arrivé. Bobby, c'est le plus vieux chien de la famille, c'est ton père qui l'avait récupéré sur le bord de la route, alors qu'il faisait une excursion avec ta mère, à Detroit, il y a plusieurs années. Ce n'était qu'un jeune chien, amaigri, errant et malheureux mais ton père avait toujours eu du cœur, surtout lorsque cela concernait un animal alors il n'avait pas hésité une seconde avant de le charger dans le coffre. Le malinois avait eu droit à une visite chez le vétérinaire une fois de retour en ville, et ton père avait mis des mois à le remettre en forme, Bobby avait toujours été très reconnaissant et la perte de ton père l'avait affecté autant que toi, ou ta mère.

S'il y avait un endroit que ce chien aimait plus que tout, c'était donc la ferme. Il y avait ses repères et ses habitudes depuis plusieurs années maintenant, et autant dire qu'il était quasiment impossible de le faire quitter l'endroit, toi-même, tu rencontrais quelques difficultés quand il s'agissait de le faire monter dans la voiture pour une raison quelconque … De fait, le vétérinaire avait pris l'habitude de s'occuper des vaccins de Bobby quand il passait pour les vaches, ou les chevaux. Ce matin, pourtant, tu l'avais entendu aboyer, lorsque tu t'étais précipité dans la cour, tu l'avais vu passer la barrière en courant et tu avais eu beau l'appeler, il n'était pas revenu.

Tes livraisons rapidement effectuées ce matin, tu as sillonné la ville en voiture pendant un long moment, finalement, après avoir interrogé bon nombre de personnes, on t'as signalé qu'un malinois avait été aperçu du côté de West Hollow, aux alentours du cimetière, la mairie avait été alertée. C'est donc près de l'église que tu gares ton pick-up tout juste réparé, une laisse à la main, quelques friandises dans l'autres, tu te mets à parcourir les environs en appelant Bobby à de nombreuses reprises, espérant de tout cœur retrouver rapidement le chien de ton père, auquel ta mère tient tout particulièrement.

Tu n'es pas du genre à paniquer, ou à prendre peur. Fountain Hill, ce n'est pas Detroit, la ville n'est pas si grande et surtout tu la connais par coeur alors tu as bon espoir de retrouver Bobby. Ce qui t'inquiètes surtout, c'est de voir ce chien sortir de ses habitudes aussi facilement, d'un coup, c'est de savoir qu'il a littéralement traversé la ville pour aller tu ne sais où sur un coup de tête … c'est de te dire qu'il n'est pas vraiment habitué à être dehors tout seul, à circuler dans les rues d'une ville et qu'un accident est si vite arrivé. Le jour où vous perdrez ce chien, Karhlya, tu sais que votre monde, à toi et à ta mère, s'écroulera une seconde fois, parce qu'il est finalement tout ce qui vous rattache encore à ton père, la dernière chose vivante et tangible du moins.

Alors, la laisse serrée entre tes doigts fins, tu ne peux pas empêcher ton coeur de battre bien trop fort tandis que tu presses le pas en continuant d'appeler le nom de ton chien, Bobby revient facilement normalement, c'est une chose que ton père à bien faite avec lui, alors plus tes appels restent vains, et plus tu sens ta gorge se nouer en te disant qu'il lui est forcément arrivé quelque chose. C'est ta pensée profonde, jusqu'à ce que tu entres dans le vieux cimetière de la ville. Tu traverses la partie la plus ancienne, faite de tombes abandonnées pour la plupart, de pierre fendues, de barrières rouillées et c'est au loin que tu l'aperçois, que tu l'entends qui aboie, et tu te mets à courir pour arriver à sa hauteur alors qu'il dérange un homme que tu ne reconnais pas immédiatement. En revanche, Karhlya, tu reconnais rapidement l'emplacement de la tombe de ton père … Une tombe que Bobby semble s'être mis en tête de protéger au point de vouloir en chasser l'inconnu qui n'en est pas un.

« Bobby ! Mais enfin qu'est-ce que tu fais ? » Tu approches, prête à te confondre en excuse face à cet homme que tu ne tardes pas à reconnaître. Encore l'un de ceux que tous pensaient perdu, et le sentiment est toujours aussi étrange, surtout quand c'est une personne que tu peux reconnaître, que tu es capable de rattacher à quelques souvenirs. « Noah … excuses moi, il t'as dérangé. » Un coup d'œil rapide sur la tombe sur laquelle il se recueille probablement, tu ne connais cet homme que parce qu'il a sauvé l'un de vos chiens durant un incendie dans une grange il y a quelques années, tu as beaucoup de reconnaissance envers lui, mais tu avoues ne pas le connaître suffisamment pour présumer de sa vie maintenant … « Il s'est échappé, je suppose que son maître devait lui manquer. » Tu désignes la tombe de ton père. « Papa nous a quittés il y a plusieurs années maintenant. »

Toujours assis près de la tombe de ma grand-mère je regarde le vide, je suis définitivement seul à mon grand désarroi, j’aime mes parents et mes sœurs. Mais ma grand-mère été la seule qui m’a soutenu toute ma vie et aussi la seule qui m’a appris beaucoup de chose sur la vie.

Enfin passons, j’avais eu la visite d’une boule de poil que je connaissais bien, mais lui il était sur la tombe voisine.

J’entendis une voix, qui parlait au chien cette voix me disais quelques choses mais sans plus… je me retourna quand elle me reconnue. En me levant je restai silencieux un instant avant de répondre :

« -Karhlya ?, euh non non, pas du tout. Il est sage. »

Elle m’explique que Bobby c’est échappé, apparemment son maître lui manqué, je souris avant de l’entendre dire que, son père les à quittés depuis un moment.

« -Oh je suis désolé pour vous. »

Je ne savais pas trop quoi dire de plus en fait, Bobby fila se mettre dans les jambes de Karhlya.

Le malaise revient, s'empare de toi bien malgré toi. Tu aimerais savoir te montrer plus naturelle et rassurante face à ces personnes qui reviennent d'on ne sait où, mais tu n'y parviens pas encore, trop déstabilisée par tout ça, par le concept même d'avoir face à toi des personnes qui ne semblent pas avoir vécu ces dernières années, comme si, quelque part, on les avait épargnés. Et oui, tu t'en veux de penser de cette manière, tu te sens coupable et c'est l'une des raisons, probablement, qui fait que tu n'es pas tout à fait à l'aise lorsque tu t'adresses à l'un de ces fameux disparus, quand bien même tu apprécies toujours énormément certains d'entre eux.

Tu sais pourtant que tu ne peux décemment pas prendre la fuite si facilement … Ce serait impoli, et puis, tu te sens toujours reconnaissante envers Noah, c'est toujours comme si tu avais une dette envers cet homme qui un jour à sauvé de justesse l'un de vos chiens, à la ferme, d'une mort certaine dans un incendie. Tu te dis que tu ne peux pas le laisser ici, au beau milieu de votre triste cimetière. Tu hoches alors la tête, le grand chien entre les jambes comme s'il retrouvait finalement sa place, celle qu'il n'aurait jamais dû quitter, tu avances un peu. « J'imagine que si tu es là, c'est que tu as probablement perdu quelqu'un, toi aussi … ? » Tu regretterais presque, encore une fois, de ne pas le connaître un peu mieux. Tu n'as pas la réponse à ta question, tu n'as jamais connu la famille de Noah. Ton père, lui, aurait probablement su. Papa connaissait tout le monde, en ville.

Tu piétines, regarde autour de toi, soupire légèrement. « … tu … tout va bien ? C'est un peu stupide comme question, je sais, mais si je peux faire quelque chose … je peux te ramener si tu veux ? »

Y’a comme un moment de silence qui s’installe entre nous, c’est bien dommage d’ailleurs ce n’était pas voulu… Je sens comme un gène je crois qu’elle ne sait pas vraiment quoi dire et moi j’étais perdu dans mes pensées.
Ka’ me demande si moi aussi j’ai perdu quelqu’un…

« -Je… oui effectivement, ma grand-mère c’est elle qui avec mon frère et ma petite sœur, nous à apprit beaucoup de chose. Et ne pas avoir été là me brise le cœur. »

C’était totalement vrai elle avait toujours eu une façon de dire les choses et surtout elle avait un sens innée pour dire aux gens ce qu’elle pensée sans pour autant faire de drame. Enfin c’était du passé à mon grand regret.
Je sens que Karhlya piétine un peu elle n’est pas à l’aise… je pris une respiration, avant de lui dire :

« -Non pas vraiment, j’ai du mal. Enfin je veux dire j’ai disparu il y à six ans, tout a changés. Je n’ai plus ma maison à mon grand damn, bref je ne vais pas t’ennuyer avec ça. »

Une petite pause avant de dire :

« - Je ne dirais pas non pour que tu me ramène, je pense qu’il va pleuvoir bientôt. »

Les gros nuages m’indiquaient bien que c’était le cas.

Se croiser au beau milieu d'un cimetière, ce n'est probablement pas l'idée du jour mais pour votre défense à tous les deux, ce n'était ni voulu, ni prémédité, croiser Noah ici, c'est le fruit d'un bien étrange hasard dont pour le coup tu te serais certainement bien passer. Pas que Noah te dérange, non, en vérité, tu te sens heureuse et soulagée de te constater qu'il va bien, qu'il est en vie et qu'il est revenu lui aussi, comme de nombreux autres. Malgré les années qui ont passées, cette disparition au milieu, le sentiment de reconnaissance qui existe en toi pour le pompier est toujours parfaitement intact.

« Mes condoléances, Noah. » C'est tardif, mais mieux vaut tard que jamais comme dirait l'autre, et puis, tu as bien compris que pour le brun, tout ça n'était pas ancien, bien au contraire, si sa grand-mère est partie depuis un moment, son deuil à lui ne fait que commencer, la douleur est vive et nouvelle, et tu sais ce que ça fait pour l'avoir ressenti au décès de ton père tant aimé. C'est pour ça qu'au final, tu bouges à nouveau pour venir t'asseoir près du pompier, Bobby se couche à tes pieds visiblement pas si mécontent d'avoir retrouver sa famille après son excursion. « Je suppose que ça va prendre un peu de temps … Les choses changent en six ans, mais du temps ça se rattrape. » Oh, tu ignores probablement bien des choses, à commencer par les raisons qui font qu'il a perdu sa maison, il te semble, de mémoire, que Noah était marié, ou quelque chose comme ça, mais c'est un terrain sur lequel tu ne veux pas t'aventurer.

« Effectivement … grosse averse en perspective. » Tu grimaces, légèrement, c'est de saison mais tu préfères largement le beau temps, tu n'aimes pas l'automne, tu n'apprécies guère l'hiver et tu es entrée à nouveau dans cette période où tu apprécieras certainement le temps passé en famille pour les fêtes de fin d'année, tout en espérant que le printemps arrive vite. « Je t'offre un verre sur le chemin ? Si tu n'as rien d'autre à faire, évidemment … »

Je parlais avec Karhlya elle finit par me dire « mes condoléances, Noah » je lui répondis :

« -Merci à toi. »

Elle me dit que ça va prendre du temps, que beaucoup de choses ont changées en six ans, mais ça se rattrape… euh pas vraiment selon moi du moins. Je n’avais pas perdu ma famille proche en dehors de ma grand-mère, mais c’était de trop.

Bon et ne parlons même pas de mon ex-copine qui est marié à un autre homme, et à deux enfants… ça c’est le plus dur à s’y faire. Et puis ma maison surtout, j’en voulais tellement à mes parents de l’avoir vendu aussi rapidement, je ne sais pas il aurait fallu la louer…

« -Oui ça va prendre du temps et le temps ça va être compliqué à rattraper mais soit. »

J’aime bien l’automne en général, mais avec mon retour de je ne sais où il va falloir que je me re habitue… Karhlya me propose un verre sur le chemin :

« -Oh non je n’ai pas grand-chose d’autre à faire et puis surtout ça va m’occuper. »

On s’installa dans la camionnette aussi je lui demandais :

« -Et toi en six ans tu as perdu quelqu’un ? »

Et encore une fois, tu te rends bien compte à quel point c'est difficile, pour toi, ou plus généralement pour ceux qui sont restés, de trouver les bons mots face à ces personnes qui ont disparu pendant six années sans même s'en être rendu compte … Tu te demandes même ce qui est le plus dur, savoir ou ne pas savoir ? Après tout, personne ne sait ce qui leur est arrivé, et toi tu te demandes réellement si l'apprendre serait une bonne chose pour certains ? T'en sais rien, Karhlya, tout cela est atrocement complexe et c'est ce qui fait que rien ne va de ton côté lorsque tu oses adresser la parole à l'un de ces gens.

Tu te mords l'intérieur de la joue, avec l'impression d'avoir fait un faux pas, toi qui te voulais encourageante, il est vrai que c'est probablement encore un peu tôt pour tenter de voir les choses du bon côté, mais tu es comme ça, pas du genre à te laisser abattre, plutôt du genre à penser qu'il y a toujours un moyen de s'en sortir, d'une manière ou d'une autre et, si tu comprends que Noah ne puisse pas encore apercevoir le moindre espoir, toi tu restes convaincue qu'il s'en sortira, peu importe ce qu'il a pu perdre.

Tu finis par hocher la tête, tu passes la première pour retourner à la voiture et tu fais d'abord monter le chien à l'arrière avant de t'installer au volant et de démarrer aussitôt pour engager une marche arrière prudente. « A part mon père ? Non pas vraiment, personne de … réellement proche. » Tu t'engages sur la petite route qui traverse la partie ouest de la ville pour rejoindre le centre et prendre tout naturellement le chemin du Filiae, le petit bistrot des Koenig. « Mais je connais du monde en ville, alors … d'une certaine manière, j'ai vu beaucoup de mes connaissances disparaître. Ça n'a été simple pour personne, et ça ne l'est pas plus aujourd'hui je pense. Sans compter que le FBI est de retour à Fountain Hill et que ça a tendance à inquiéter pas mal de monde. » C'est une petit ville, et avoir des agents du FBI qui traînent dans les rues que l'on a toujours connu, c'est loin d'être rassurant pour la population, tu le sais, parce que justement tu as des oreilles partout, parce que tu connais du monde et que les gens parlent entre eux. « Mais je suppose qu'on est partis pour un moment … Le temps de comprendre ce qui s'est passé. »

Je monte à la suite de Karhlya après qu’elle est fait monter le chien à l’arrière, on parle un peu de tout et de rien, avant de l’entendre me dire qu’en dehors de son père, personne.

Du moins pas de réellement proche. Et puis elle me dit que comme elle connait beaucoup de monde en ville, Karhlya avait vue beaucoup de personne disparaître.

« -Je me doute bien que durant notre disparition ça à dû être dur et puis comme tu dis avec le FBI ça ne doit pas être simple. »

Le FBI c’est une des pires agences qui existe, pourquoi ? parce que quand quelque chose ne va pas c’est toujours du : « classé confidentiel ou secret défense » enfin bon.

« -Oh oui nous sommes partis pour un moment et leurs questions ça deviens chiant d’une puissance. »

Leurs parler c’était pas le plus chiant, c’était toujours les mêmes questions qui revenait sans cesse.